Réforme des retraites :
que d’occasions ratées !
Les occasions ratées pour convaincre les Français
Contre le projet du gouvernement, les syndicats se mobilisent. Les Français, majoritairement nonistes, font bloc. Tous bords politiques et tous âges confondus.
Le gouvernement Borne l’assure : cette tempête sociale, il l’avait anticipée, ces manifestations unitaires, il s’y attendait. « On a peu de doute sur le fait que, si vous demandez aux Français s’ils veulent travailler plus, spontanément, ils répondent non » observe-t-on à Matignon. « Dans notre pays, tout se passe comme si les retraites étaient l’un des éléments essentiels du pacte social initial. Dès que l’on touche ce sujet, c’est extrêmement éruptif » observe pour sa part Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy au moment de la réforme des retraites de 2010. Avec, à l’époque, quatre manifestations avec plus de 1 million de personnes dans la rue sans que le gouvernement Fillon recule. L’âge légal de départ à la retraite avait bien été décalé de 60 à 62 ans.
L’opposition des Français à la réforme des retraites ne faiblit pas. Ils sont même de plus en plus nombreux à se dire hostiles (69% le 31 janvier) au projet du gouvernement d’Elisabeth Borne, dont les arguments tombent à l’eau les uns après les autres.
Cela ressemble à un bourbier pour le gouvernement. Malgré ses efforts de communication, et les rares compromis annoncés, l’opposition des Français à la réforme des retraites ne faiblit pas. Deux tiers des Français continuent à se dire opposés au texte, selon le dernier sondage de l’IFOP publié par le JDD.
Une opposition qui tend même à virer à l’hostilité. «La part de sondés se disant pas du tout favorable à la réforme augmente et se trouve quasiment majoritaire en passant de 42 % à 50 % en une semaine», relève dans cette étude Frédéric Dabi, le directeur général opinion de l’institut de sondages, pour qui «la bataille de l’opinion est perdue pour le gouvernement» dont les arguments semblent systématiquement manquer leur cible.
Retour en quatre actes sur cet échec.
I. Un vrai simulacre de dialogue avec les syndicats
De la forme mais pas de fond. La Première ministre a débuté le 3 janvier une ultime série de concertations avec les partenaires sociaux sur la réforme des retraites, avant de la présenter le 10 janvier. Elle n’a convaincu aucun de ses interlocuteurs. « La Première ministre est un peu dans la situation de quelqu’un qui vous vend une voiture sans moteur… Quand vous lui faites remarquer qu’il n’y a pas de moteur, elle vous répond : oui mais j’ai mis des sièges en cuir… »
De fait, le projet présidentiel, auquel le président Macron a réaffirmé son attachement lors de ses vœux, se heurte à l’opposition de l’ensemble des syndicats et de la plupart des groupes politiques.
La guerre d’usure se poursuit entre le gouvernement et le monde syndical. Avec deux dates en ligne de mire : le 17 février, jour de la fin de l’examen du projet de loi sur la réforme des retraites en première lecture à l’Assemblée nationale, et le 7 mars, nouvelle grosse journée de mobilisation, avec un possible appel à la grève générale, alors que les vacances scolaires, étalées sur tout le mois de février, viendront de s’achever. Cela suffira-t-il à contraindre Emmanuel Macron à entrer dans la mêlée ?
II. L’annonce maladroite d’un projet difficile à justifier
Si le gouvernement patine, c’est qu’il n’a pas réussi à convaincre les Français de la nécessité de relever l’âge légal de départ à la retraite. D’ailleurs, il n’a jamais cessé de changer de pied pour justifier cette mesure impopulaire.
Au cours de sa courte campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait laissé entendre qu’elle permettrait de financer d’autres dépenses de l’État providence. Début juin, Olivia Grégoire, alors porte-parole du gouvernement, préparait ainsi les esprits en glissant : « l’objectif de la réforme dépasse le seul sujet des retraites, il y a derrière la volonté de ce gouvernement de financer les réformes du prochain quinquennat, parmi lesquels la réforme de la dépendance, mais plus largement la réforme de la santé et d’autres à venir. »
Cet argument a depuis disparu. Le 10 janvier, lors de la présentation de la réforme, Élisabeth Borne l’avait même clairement exclu en indiquant : «Nous proposons un projet qui finance exclusivement nos retraites. Je le répète : chaque euro cotisé servira à financer nos retraites, rien d’autre.» Dans ce discours, le gouvernement a tenté de présenter la réforme sous un jour positif. «Nous proposons aujourd’hui : un projet pour l’équilibre de notre système de retraite, un projet de justice et un projet porteur de progrès social,» assurait ainsi Olivier Dussopt, en mettant en avant l’augmentation du minimum de pension ou la simplification des règles du dispositif carrières longues.
Ces éléments de langage ont été largement repris ensuite par les soutiens du gouvernement, sans effet. La Première ministre semble depuis davantage insister sur «l’effort collectif» demandé aux Français pour «sauver» le système de retraites, qui serait dangereusement menacé par son déséquilibre financier. « C’est la réforme ou la faillite, » assénait ainsi lundi 6 février le ministre des Comptes publics Gabriel Attal. Une analyse qui a pourtant été remise en cause, y compris par «le» spécialiste de la question : Pierre-Louis Bras, le président du Conseil d’orientation des retraites (Cor).
III. Un contenu très impopulaire
Au fond, le gouvernement paye son insistance à ne vouloir réformer que par le relèvement de l’âge légal et l’allongement de la durée de cotisation. Les deux options les plus impopulaires, alors que dans leur majorité, les Français ne contestent pas la nécessité d’une réforme des retraites. Mais ils ne veulent pas de celle-là, qui repose exclusivement sur les efforts des actifs, comme si c’était la seule option possible.
Cette position ne fait pourtant pas l’objet d’un consensus au sein même de la majorité. « Il n’y aura de réforme des retraites que si elle est ressentie comme juste par les Français. Il faudra des signes », prévenait François Bayrou à la veille de la présentation du projet de réforme, en proposant une « très légère augmentation des cotisations patronales ». Ni sa voix, ni celle des syndicats réformistes – qui proposaient d’autres pistes de financement du déficit – n’ont été entendues.
Les réticences sont d’autant plus vives que les contreparties présentées n’ont pas convaincu. La promesse d’augmentation du minimum de pension, y compris pour les actuels retraités, a déçu. Alors que les éléments de langage de l’exécutif vantent une augmentation de 100 euros du minimum contributif, l’étude d’impact ne montre qu’un gain moyen de 400 euros par an, soit 33 euros par mois.
De plus, la pension minimum à 1 200 euros présentée comme un « progrès social » ne devrait concerner qu’un public restreint, parce que limitée aux carrières complètes et travaillées au Smic. Elle ne semble dès lors constituer qu’un slogan assez creux. À en croire les sondages, c’est pourtant l’une des mesures les plus populaires du projet de réforme. Et ce gouvernement aurait pu se vanter d’être le premier à avoir atteint ce seuil, qui figure au rang des objectifs en matière de retraites depuis la réforme de 2003, alors qu’1,8 million de retraités ont une pension inférieure à 1 000 euros par mois.
IV. Le refus entêté du compromis
Malgré l’opposition de plus en plus farouche de l’opinion publique, et la progression des mobilisations dans la rue, le gouvernement ne semble prêt à consentir qu’à de très modiques compromis.
La Première ministre annonce vouloir « bouger » mais ne répond au fond qu’aux parlementaires LR en retenant leur idée d’étendre le « dispositif de carrières longues à ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans ».
Autre petite inflexion, Élisabeth Borne propose d’appliquer à toutes les entreprises de plus de 50 salariés (contre 300 initialement) l’obligation de publier un index de l’emploi des seniors en laissant aussi entendre que le dispositif pourrait être assorti de sanctions financières en cas de manquement.
Mais elle ne propose toujours aucune inflexion claire pour remédier aux effets injustes de la réforme pour les femmes. L’étude d’impact publiée par le gouvernement a pourtant montré qu’elles seraient pénalisées par la réforme. En difficulté sur sa réforme des retraites, le gouvernement serait bien inspiré de ne plus laisser la moindre place à l’ambiguïté, comme sur la retraite minimale à 1.200 euros ou sur les effets pour les femmes.
Elisabeth Borne persiste à nier cette injustice, quitte à tronquer la réalité. Elle continue d’affirmer que les femmes « partent aujourd’hui [à la retraite] au même âge » que les hommes et que « demain, elles partiront plus tôt »… Les chiffres sont têtus.
Conclusion : l’enfer pour Mme Borne est dans les détails
Pour les opposants à la réforme des retraites, le diable est dans les grandes lignes : le report à 64 ans de l’âge légal de départ, les 43 ans de cotisation nécessaires pour une pension à taux plein.
Pour les partisans de la réforme, il se cache dans les détails. Notamment dans ces codicilles sur le montant de la retraite minimale, dont la lecture révèle que les concessions du gouvernement ne sont pas tout à fait celles que l’on croyait. A quatre jours de la fin de la première lecture de son projet à l’Assemblée nationale, l’exécutif est mis en fâcheuse posture par une « découverte » qui avait échappé au plus grand nombre, y compris aux mieux informés : seuls quelques milliers de Français – ceux ayant eu une carrière complète, régulière et à temps plein au SMIC – percevront les 1.200 euros brut mensuels qui ont été implicitement présentés comme le nouveau minimum contributif. « Près de deux millions de petites retraites vont être augmentées », avait avancé fort imprudemment le 10 janvier la Première ministre.
Télécharger le projet de réforme présenté au Sénat le 10 janvier 2023
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Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite pour la première fois dans l’opacité. Enfin, sur l’ensemble des opérations de mutation on constate une chute des candidatures. D’ailleurs, cela représente une centaine de demandes de moins que l’an dernier. Tout d’abord, le phénomène s’explique par la crise sanitaire. Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par ailleurs, les CAP sont dessaisies de toutes les opérations de carrière.
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Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par ailleurs, les CAP ne gèrent plus les opérations de carrière.
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Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité.