CNR Education lancé il y a un mois
Tout cela… mais, pour quoi faire ?
Conseil national de la refondation (CNR) Education
Une manière d’effacer les politiques nationales !
« L’idée, c’est vraiment d’amener des acteurs qui sont parfois en silos, qui sont parfois séparés les uns des autres mais qui ont un même centre d’intérêt, ça peut être un établissement scolaire, ça peut être un bassin de santé, ça peut être un bassin d’emploi, ça peut être la transition écologique à l’échelle d’un territoire, à se concerter, mais pas simplement pour discuter, à se concerter autour, au fond, de pistes d’amélioration, de projets concrets, de solutions, d’innovations qui peuvent vraiment changer la donne… » C’est ainsi que l’entourage d’E Macron a présenté le lancement du CNR éducation le 3 octobre.
« L’idée, c’est vraiment de redonner du pouvoir à ceux qui font sur le terrain, à ceux qui produisent le service public pour trouver des solutions, des innovations au plus près du terrain ». L’Elysée a lancé CNR avec un nouveau site de consultation et un CNR spécial éducation. Présenté par Emmanuel Macron comme « la solution aux blocages du pays », le CNR croit que l’innovation locale va sauver l’Ecole. C’est aussi une manière d’effacer les politiques nationales. Or quand le national faiblit, ce ne sont pas les acteurs locaux qui l’emportent mais les barons locaux…
Dans l’entourage d’E Macron on invoque « la réinvention de nos grands services publics au coeur du contrat républicain » et « l’intelligence collective » pour sortir l’Ecole des ornières.
Exemple marseillais ou légende élyséenne ?
Un projet est déjà réputé valable alors qu’aucune évaluation n’a eu lieu. Pour faire comprendre ce nouveau dispositif, l’Elysée met en avant son projet « Marseille en grand » et ses 59 écoles. « On a 59 écoles primaires où il y a eu une concertation avec les professeurs des écoles, les directeurs, les élus locaux, les associations qui participent à la vie périscolaire, notamment la musique, le sport, etc. Et ces acteurs, en réalité, ont travaillé sur la situation de l’école. Il y avait des écoles où il y avait un problème d’apprentissage des mathématiques plus marqué qu’ailleurs. On a parfois des problèmes d’illettrisme. On a parfois un climat scolaire qui est un peu plus dégradé qu’ailleurs en raison de la situation sociale de l’établissement. Et donc, l’idée, c’est vraiment de redonner du pouvoir à ceux qui font sur le terrain, à ceux qui produisent le service public pour trouver des solutions, des innovations au plus près du terrain », dit-on à l’Elysée. A peine esquissé, ce projet est déjà réputé valable alors qu’il a commencé à la fin de la dernière année scolaire et qu’aucune évaluation n’a eu lieu.
La réalité marseillaise est d’ailleurs assez éloignée de la légende élyséenne. Certes 59 écoles marseillaises ont répondu présent à l’appel de l’Elysée puisqu’elles avaient la possibilité de gagner des moyens (environ 40 000€ par école). Elles ont construit toutes seules leurs projets très souvent sans se soucier de l’environnement local. D’autant qu’elles devaient le faire dans l’urgence. Et ces nouveaux projets étaient très souvent leur ancien projet d’école. Ou des projets dupliqués d’autres écoles.
Enjeux locaux et politiques nationales
Pour les vrais problèmes de l’Ecole, comme les inégalités sociales de résultats ou la mixité sociale, l’Elysée est encore moins convaincant. « La mixité sociale, oui, la question peut être débattue pour les équipes qui le souhaitent et pour lesquelles la problématique se pose. Mais en tous les cas, on espère que, au niveau local, les acteurs pourront trouver les bonnes pistes », nous répond-on. S’il est impossible de nouer des politiques de mixité sociale sans y associer les acteurs locaux, force est de constater que la plupart ne voit pas l’intérêt de s’y investir.
Avec ce CNR éducation, le gouvernement lance de grands débats qui pourraient faire oublier la nécessité des politiques nationales. Les grands défis de l’Ecole française sont rarement solubles dans les arrangements locaux. La démocratisation ratée de l’Ecole française en est le plus bel exemple. La perpétuation d’inégalités sociales flagrantes et uniques dans les pays développés ne peut pas être combattue par les élites locales qui sont bénéficiaires du système. Seul un arbitre national peut imposer l’intérêt général contre les intérêts particuliers locaux.
Or ce que fait le CNR c’est justement l’inverse : ouvrir les écoles et les établissements aux intervenants extérieurs en déqualifiant a priori les enseignants. Si les entreprises locales ou les élus locaux ont les solutions aux problèmes de l’école c’est bien que les enseignants sont des freins ou au mieux peu qualifiés pour ce renouveau de l’école.
Cette concertation élyséenne peut aussi faire oublier les vrais problèmes de l’Ecole en les noyant dans du « solutionnisme » local. C’est d’ailleurs le rôle dévolu par le ministère à l’innovation pédagogique, un outil pour maintenir le système en maintenant le principe de solutions pédagogiques descendantes. Alors que ce CNR est lancé, impossible de prédire son avenir. Peut-être ces concertations aboutiront à un nouveau recul de l’autorité enseignante au coeur même de leur maison. Peut-être le dispositif sera-t-il l’outil pour démembrer les politiques nationales que le quinquennat précédent voulait détruire ?
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