Apprentissage, une réforme open bar

Apprentissage dans le supérieur :

les dérives d’une réforme « open bar »


Enquête : les milliards dévoyés de l’apprentissage.

article publié le 24.02.2022
Libéralisée par Macron en 2018, la formation en alternance a coûté 11,3 milliards d’euros à l’Etat en 2021. Un argent public distribué sans stratégie ni contrôle qui profite en grande partie à des fonds d’investissement, parfois au détriment des apprentis.
Tout part d’une très bonne in­tention : aider les jeunes à trou­ver du travail en soutenant à fond l’apprentissage et la forma­tion continue. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a «vendu», en 2018, sa loi «avenir professionnel», n’hésitant pas à la qualifier de «texte anti-fata­lité». Fort bien. Tout ce qui peut aider à l’insertion sur le marché du travail d’une personne en quête d’emploi, a fortiori un jeune sans expérience, est bon à prendre. Sauf que, quatre ans plus tard, le bilan de cette politi­que publique de soutien à l’ap­prentissage est pour le moins mitigé. Notre enquête montre que des milliards ont été déver­sés dans cette filière-pas moins de 11,3 milliards en 2021- mais sans analyse de soutenabilité fi­nancière, sans aucun contrôle dans les faits, et sans résultats probants. L’apprentissage est devenu un véritable filon pour l’enseignement supérieur privé, qui a ouvert des centres de for­mation d’apprentis (CFA) à tour de bras, assuré de pouvoir profi­ter de la manne, laquelle a da­vantage enrichi les fonds d’in­vestissement détenant ces écoles que facilité l’obtention d’un CDI aux apprentis. Ce que l’on découvre aujourd’hui est lunaire: des CFA sans salle de cours, avec des vidéos pour seu­les formations; des écoles fai­sant du surbooking à seule fin de toucher les aides ; des jeunes à qui l’on fait miroiter un avenir en or, qui signent un contrat d’apprentissage et, une fois pla­cés devant la dure réalité, doi­vent payer des frais exorbitants s’ils se dédisent, etc.
Un puissant lobby semble s’être mis en place pour empêcher tout retour en arrière et conti­nuer à profiter de l’aubaine.
La Cour des comptes elle-même s’est alarmée de la situation il y a quelques mois en évoquant l’«impasse financière» dans la­quelle se trouve France compé­tences, l’organisme public par lequel transite l’argent de l’ap­prentissage, qui pourrait affi­cher un déficit de 5,9 milliards d’euros en 2022, selon un rap­port sénatorial. Et l’on ne parle même pas de la déception, voire du désespoir de ces jeunes qui finissent par comprendre qu’on s’est joué d’eux. 

Les dérives d’une réforme « open bar »

Dopée par un dispositif promis par Emmanuel Macron dès 2017, l’alternance profite à certaines entreprises qui y voient une main-d’œuvre peu chère et à des centres de formation qui s’organisent pour mieux profiter du système. «Libé» révèle les dessous de cette politique publique, non contrôlée, dont l’un des principaux effets est d’engraisser les fonds d’investissement.
«Jamais une politique de soutien à l’emploi n’a été aussi coûteuse pour les finances publiques. Ce sont des milliards d’euros de deniers publics qui partent en pure perte. Sans aucune régulation derrière !» Ces mots, forts, viennent d’un haut fonctionnaire, tenu au devoir de réserve. De ceux qui n’aiment pas les polémiques et tiennent plutôt les journalistes à distance. Sauf que là, la moutarde pique trop : «Il faut ouvrir le capot de ce beau discours sur la hausse de l’apprentissage.»
Ce «beau discours», c’est celui du président de la République. Lors de sa campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron avait promis de doper l’alternance chez les jeunes – un pied en formation, un pied en entreprise – pour mieux les insérer sur le marché de l’emploi et baisser le chômage.
Il a tenu sa promesse. Adoptée dès 2018 sans même l’aval de Bercy – du jamais-vu –, cette loi pour «la liberté de choisir son avenir professionnel» a ouvert les portes en grand de l’alternance. Jusque-là, c’était un dispositif pédagogique aux mains des régions. Elles seules décidaient d’ouvrir tant de places dans tel ou tel centre de formation des apprentis (CFA), en fonction des besoins identifiés par les branches professionnelles et de l’argent disponible dans les caisses, c’est-à-dire le montant de la taxe d’apprentissage prélevée auprès des entreprises.
L’apprentissage concer­nait alors surtout les formations courtes, avant le bac. Il va, avec la ré­forme, se développer massivement dans l’enseignement supérieur. Si l’on s’en tient aux chiffres, le projet présidentiel cartonne. On est passé de 300000 à 730 000 apprentis en cinq ans. Avec un effet sur l’emploi «limité», selon la Cour des comptes (lire ci-contre). Le Président vise dé­sormais le million. Raison de plus pour ouvrir le capot.
A qui profite cette politique publi­que qui aura coûté 11,3 milliards rien que sur l’année 2021 ? «Parlons plutôt d’un investissement, et 11011 d’une dépense», se défendent les ar­chitectes de la réforme. Vraiment? Libération révèle comment depuis quatre ans ces milliards d’euros d’argent public viennent surtout engraisser les fonds d’investisse­ment qui achètent les organismes de formation. L’apprentissage est un filon qui rapporte très gros. Et il est facile de tirer sur les coûts vu le peu de régulation. Etat laisse faire des abus en tout genre. Du côté des employeurs, aussi. Les apprentis sont la nouvelle main-d’œuvre bon marché et corvéable.

Du macronisme pur

Retour en 2017. La réforme de la formation professionnelle fait partie des premiers chantiers du nouveau gouvernement. Dès septembre, les partenaires sociaux s’assoient à la table des négociations pour plu­sieurs mois. Jean-François Faucard, de la CFE-CGC, se revoit assister à un vrai coup de théâtre: «Dans la nuit du 22 février 2018, on rend notre copie à la ministre du Travail. Trois heures après, poubelle. Tout notre travail pour rien.» Sur les ma­tinales radio, Muriel Pénicaud an­nonce «un big bang de la formation professionnelle», elle remise le com­promis des partenaires sociaux, trop mou à son goût. «Ces négociations n’étaient qu’un habillage, pour don­ner le change, assure le syndicaliste. Tout était déjà ficelé. Du macro­nisme pur comme on le compren­dra ensuite.» Yvan Ricordeau, de la CFDT, acquiesce: «Leur réforme était déjà écrite, ils l’ont fait passer au dernier moment au forceps.» Les deux hommes sont formels : non seulement la loi était écrite à l’avance mais les conséquences budgétaires aussi. Elles ressem­blent à une bombe financière sur le point de dégoupiller. France com­pétences, l’organisme public par lequel l’argent de l’apprentissage transite, ne cesse de voir son déficit se creuser : 5,9 milliards d’euros en 2022, selon un rapport sénato­rial. L’organisme multiplie les crédits à court terme pour payer sa dette. Cette situation sera au cœur des discussions du conseil d’admi­nistration de France compétences ce jeudi.
«Ils ont gardé la même enveloppe de recettes, la taxe d’apprentissage. Mais en face, ils ne brident plus les dépenses. C’est une réforme open bar».
La formule d’Yvan Ricordeau sonne d’autant plus juste que Bercy n’a livré aucune analyse de soutena­bilité financière dans l’étude d’im­pact de la loi. Autre bizarrerie. ce rapport de l’Inspection générale des finances, qui a alerté dès avril 2020, est-il tombé dans un trou ? En juin la Cour des comptes dressait à son tour un constat aussi étayé qu’alar­mant. parlant d’ «impasse finan­cière». Au bord de la cessation de paiement. L’Etat a renfloué les cais­ses de 2 milliards cet été. 2 milliards de plus ont été ajoutés à l’automne. «Ah ça, ils voulaient libéraliser, eh bien maintenant, il faut assumer. L’Etat devra payer de toute façon, dit Jean-François Faucard. Le reste, ce n’est pas non plus une surprise. Ouvrir les portes a toujours le même effet: le privé s’engouffre.» L’argent de l’alternance profite ef­fectivement à tous. Les CFA, y com­pris ceux dans les universités publi­ques, reçoivent des aides souvent supérieures à ce que coûtent les for­mations, qui permettent au passage d’augmenter la taille des promo­tions. A l’autre bout de la chaîne, les employeurs roucoulent, eux aussi : les apprentis sont la nouvelle main-d’œuvre corvéable, quasi gra­tuite, tant les subventions sont éle­vées. Un puissant lobby s’est struc­turé pour laisser ouvert ces robinets d’aides publiques, alors que tous les voyants budgétaires sont au rouge. Soirées, tribunes dans la presse, co­pinage avec les ministres et d’études pipeau financées par ceux qui en ont intérêt : l’apprentissage jouit toujours d’une superbe cote.
En réalité, les premiers convaincus par ce dispositif pédagogique dépri­ment à chaque nouvel article van­tant «l’essor spectaculaire» de l’alter­nance. «Cette publicité positive fait du bien, évidemment. Mais quand on voit certains trahir la philosophie de l’apprentissage, comment ne pas être inquiet? Pour l’instant, ce n’est pas perceptible dans le débat public mais cela ne va pas durer, se désole Aurélien Cadiou, président de l’association nationale des apprentis de France (Anaf), créée en 2010 pour défendre leurs droits.
La plateforme de l’association «SOS apprentis» est devenue un ré­ceptacle d’abus en tout genre. Une centaine de messages leur parvien­nent chaque semaine, racontant parfois des dérives graves. Plusieurs fois, ils ont alerté le ministère du Travail, et même les conseillers à l’Elysée. Notamment sur des écoles qui, lors des salons d’orientation, appâtent les jeunes en vantant leur bachelor à 7000 euros l’année. Grâce à l’apprentissage, les frais de Grâce à l’apprentissage, les frais de scolarité sont entièrement pris en charge et l’étudiant, en prime, rece­vra un salaire. Au moment de si­gner. les commerciaux (parfois des anciens étudiants touchant des pri­mes à chaque contrat) rassurent: trouver une entreprise sera un jeu d’enfant. Parfois ce n’est pas si sim­ple et le jeune se retrouve pris au piège quand il ne trouve pas d’employeur … «Certaines écoles font du surbooking, explique aussi la directrice générale de l’Anaf, Morgane Daboval. Une fois lié parle contrat, Le jeune ne peut plus se ré­tracter et doit payer les frais exorbi­tants. C’est légal mais inacceptable.» Pas pour la conseillère d’Emmanuel Macron, qui aurait rétorqué que «les étudiants sont armés pour lire des contrats».

Absence de garde-fous

Depuis 2018, n’importe qui peut ouvrir un CFA. On en compte 3000 aujourd’hui -un bon nombre est détenu par des groupes qui appar­tiennent à des fonds d’investisse­ment -, c’est-à-dire près de trois fois plus qu’il y a trois ans. U n’y a même pas besoin de prévoir des salles de classe. Certains centres de forma­tion ne sont que virtuels, avec des cours en vidéo. Commode, pense­ront certains, les apprentis peuvent les visionner tard le soir, et déborder sur leur temps de travail légal en en­treprise … «Le100% digital est auto­risé en apprentissage, reconnaît le ministère délégué chargé de l’Ensei­gnement et de la Formation profes­sionnels. Aucune situation d’abus n’est a11jourd’hui conn11e du minis­tère.» Morgane Daboval voit rouge: «Certains CFA n’apportent pas d’ac­compagnement aux jeunes pour re­chercher une entreprise ou les infor­mer de leurs droits, car ils sont dans l’optimisation des coûts. Tous ne font pas cela heureusement mais c’est une réalité. Qu’on laisse faire !»
Bien sûr, certains CFA sont aux anti­podes, et se battent au contraire pour défendre les droits de leurs ap­prentis. Comme ce responsable pé­dagogique d’un organisme dans le nord de la France, qui a contacté de lui-même Libération. «Il faut dé­noncer ce qu’il se passe, ces em­ployeurs q11i ab11sent vraiment et qu’on laisse faire.» Lui est écœuré de la façon dont certaines entreprises, notamment dans la distribution, utilisent les alternants pour faire tourner leur magasin. «Huit ap­prentis dans une équipe de dix per­sonnes. L’autre jour, un patron a re­fusé à une jeune de venir au CFA passer son examen blanc. Je n’ai pas laissé faire. Le lendemain, il a rompu son contrat.» Combien de contrats d’apprentissage sont interrompus en cours de route? Interrogé, le mi­nistère ne répond pas. Selon notre enquête, certains patrons provo­quent des ruptures de contrat pour une raison simple: à chaque nouvel apprenti embauché, l’Etat verse l’aide de 8000 euros (prévue en principe pour les deux ans). L’absence concrète de garde-fous interroge. N’y a-t-il pas des instan­ces de contrôle pour mettre de l’or­dre ? Sur le papier, si. Les inspec­teurs du travail, en premier lieu, mais … en sous-effectifs depuis longtemps. Récemment, l’Anaf a même été contactée par une mère de famille sur les conseils d’un ins­pecteur ! La loi de 2018, dans son étude d’impact, semblait pourtant avoir anticipé la question : «Le pen­dant à cette liberté d’ouverture est la mise en place en parallèle d’une cer­tification qualité.»

« On fait de notre mieux »

Pour percevoir l’argent public, les CFA doivent détenir la certifica­tion «Qualiopi». «Oui, enfin, c’est plutôt simple à avoir. Il s’agit juste de prouver qu’on a bien mis en place des process administratifs». assure un responsable de CFA. Par exemple, il est demandé de publier les taux de réussite à l’examen, sans qu’un seuil minimal ne soit exigé.
L’Etat a mandaté le comité français d’accréditation (Cofrac), une asso­ciation avec une mission de service public, pour accréditer des organis­mes certificateurs privés, qui, moyennant finance, délivrent le macaron Qualiopi. Dans la liste des accréditeurs autorisés, on retrouve des mastodontes tels Bureau Veri­tas, qui établit pêle-mêle des diag­nostics immobiliers sur la présence d’amiante et de plomb, des disposi­tifs médicaux et, donc, des tampons pour des organismes de formation. Quels sont les taux de sélection? Interrogé par Libé, le Cofrac n’a pas donné suite, indiquant être dé­bordé. Le cabinet de la ministre dé­léguée de l’Enseignement et de la Formation professionnels. Grandjean, non plus. Autre méca­nisme de régulation en principe : la reconnaissance des diplômes pour toucher les aides. Par le ministère de l’Enseignement supérieur pour les diplômes d’Etat. Pour ceux-là, le contrôle pédagogique est réel. Mais pour tous les autres, ( «bachelors», «masteres» et autres «masters spé­cialisés»), c’est plus flou. Sur le pa­pier, les formations doivent avoir une reconnaissance délivrée par le ministère du Travail : les titres RNCP («répertoire national des certifica­tions professionnelles»).
Pour y prétendre. les organismes doivent monter des dossiers admi­nistratifs costauds, en apportant des éléments chiffrés, notamment des taux d’employabilité à la sortie. Mais l’écart est grand entre les exigences demandées et les moyens concrets mis en œuvre pour le contrôle. Les titres RNCP, et leurs renouvelle­ments, sont une mission dévolue à France compétences, 300 demandes arrivent chaque mois dans les bureaux d’une équipe d’une soixan­taine d’employés. Même la Cour des comptes, qui traque les coûts, s’est alarmée du peu de moyens face à l’ampleur de la tâche.
Une fois par mois, une commission de certification composée de syndi­cats, d’organisations patronales et des représentants des différents mi­nistères se réunit pour éplucher les demandes de titres RNCP. «Dans les faits, on n’étudie que les cas problé­matiques repérés par les instruc­teurs … On fait de notre mieux, mais avec cette impression de n’être par­fois qu’une chambre d’enregistre­ment», reconnaît un membre sous couvert d’anonymat. «On n’est pas dupe, certains doivent se faire aider dans la rédaction des dossiers.»

« Ils profitent à fond »

Exact. Certains organismes de for­mation se paient les services d’un cabinet de conseil. Comme celui monté par Jean-Christophe Chama­you, leader en certification, qui les aide à monter leur dossier. Certains de ses concurrents proposent un service clé en main: la location de ti­tre. Pour avoir le macaron de l’Etat, sésame pour toucher les aides publi­ques, il est possible de le louer à une autre école. Comptez 7% du mon­tant de la formation. Vu les marges actuelles, c’est vite rentable. Et à en croire Jean-Christophe Chamayou, la pratique est en plein essor.
Le business de l’apprentissage se porte à merveille. Après notre enquête sur ces fonds d’investisse­ment implantés dans l’enseigne­ment supérieur privé, les témoigna­ges ont afflué, notamment venant de sources au cœur de la machine financière. «Les taux de rentabilité sont de l’ordre de 40%. Ils profitent à fond de la politique publique», ra­conte l’un d’eux. document finan­cier à l’appui.
Une réalité illustrée aussi par l’his­toire des «coûts contrats». L’Etat, via les opérateurs de compétence, verse aux organismes de formation une somme destinée à couvrir les frais de formation pour chaque apprenti. Mais comment estimer. de façon fine, le coût réel d’une formation? Au lancement de la réforme, la four­chette haute était de rigueur, pour donner une impulsion à la mécani­que. Ça a marché. La réforme a dé­collé. Et les coûts des formations aussi, avec une hausse de 20% en moyenne. De quoi faire grimper les marges. Depuis un an. la question du rabot des «coûts contrats» re­vient sur la table. C’est une parfaite focale pour mesurer l’influence des lobbys. A l’image de ces cinq «orga­nisations» qui ont écrit à Emmanuel Macron, cet été, leur «stupéfaction» devant les mesures d’économie en­visagées, l’intimant «d’amoindrir le choc» infligé. Derrière ce courrier, on retrouve des représentants de fonds d’investissement.
«Les organismes de formation ont leur stratégie. Les employeurs aussi, avoir de la main-d’œuvre la moins chère possible. Tous les acteurs sa­vent ce qu’ils font. Tous sauf l’Etat, qui navigue à vue», s’indigne le haut fonctionnaire. Qui s’assure par exemple que ces formations, payées avec de l’argent public, répondent à un besoin pour la Nation ? «Un jour, on se demandera à quoi tout cet argent aura servi.»
[…]

« Ils vendent du rêve, j’y ai cru »

Absence d’accompagnement. communication trompeuse des écoles, bas salaires … Les formations en apprentissage font parfois office de miroirs aux alouettes pour les jeunes.
Sur le moment, il n’a pas saisi l’embrouille. «J’avais trouvé un restaurant prêt à m’em­baucher en cuisine. Le patron m’a proposé le statut d’apprenti, ça le soulageait un peu ni­veau charges sociales.» Nino, 26 ans, venait de se découvrir une passion cuisine. Partager son temps entre un restaurant et l’école lui semblait donc une bonne formule.
«Ecœurés». Mais dès la journée de pré-rentrée en CAP, le centre de formation d’apprentis (CFA), en lien avec le patron, lui sort : «Pas besoin de te déplacer, tu apprendras aussi bien en restant à l’entreprise toute la semaine.» Nino ne tilte pas car «en échange, mon chef m’avait promis un sa­laire niveau smic». Mais dès la fin du premier mois, il déchante : le salaire est moins élevé que prévu, et il travaille de 8 heures à 23 heures. Au début, il est encadré par un «second», mais qui finit par partir. «Très vite, je me suis retrouvé avec beaucoup de responsabilités. Comme un em­ployé à part entière.» Au bout de quelques mois, il a sous ses ordres un autre apprenti et un commis … Rincé, il finit par craquer et pose sa lettre de démission. «Le CFA ne m’a pas du tout aidé. Aucun soutien, presque l’inverse. Avec cette rengaine que les jeunes ne veulent pas travailler. Comme si c’était nous le problème. Ça ne donne pas une bonne image de l’apprentissage.» Un responsable péda­gogique de CFA, préférant rester anonyme, s’in­quiète : il y a urgence à dénoncer ces abus. côté CFA ou côté entreprises, quand les patrons confondent apprentis et main-d’œuvre corvéa­ble à merci. «Encore moins chère que les stagiai­res ! L’apprentissage, c’est leur premier contact avec le marché de l’emploi. En laissant faire, on crée une génération de jeunes écœurés.» Désiré, 22 ans, peut aussi en parler. camerou­nais en France depuis deux ans, il se rêvait avo­cat. Plutôt que l’université – «les bourses sont compliquées à obtenir» -, il s’est laissé tenter par ces écoles privées. proposant des «masters spé­cialisés», et autres «masters of science» : «Il y en a tellement. C’est très facile d’y rentrer. Les sites internet vendent du rêve, comme préparer au barreau d’avocat. J’y ai cru.» Désiré signe, l’année coûte 12000 euros, mais les frais d’inscription sont pris en charge par l’entreprise qui le pren­dra en alternance. «Toutes les écoles promettent de t’aider pour trouver une entreprise … Du rêve encore.» Il mettra un an pour trouver un patron. Entre-temps, il passe par quatre écoles différen­tes, allant de déconvenue en déconvenue.
«Coincés». Dans la dernière, l’administration annonce la veille de la rentrée avoir perdu son titre RNCP -qui prouve la reconnaissance de la formation par l’Etat et permet de toucher les financements publics de l’apprentissage ­pour sept de ses huit cursus. «On s’est retrouvé à 300 dans la promo, beaucoup par défaut. Ils étaient coincés.» En racontant, l’émotion le rat­trape. Il explique ne pas pouvoir se confier à ses proches au Cameroun, qui l’imaginent dans une belle école française. «S’ils savaient … Mon établissement ne sait même pas le poste que j’oc­cupe en entreprise. Ils s’en fichent. La seule chose qui les intéresse, c’est de signer pour avoir l’argent.» 

Du 1er au 8 décembre prochains : votez FO aux élections professionnelles


Bonne lecture : N’hésitez pas à faire connaître notre édito.
Pensée du jour :
« Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté. » Alain.
Adhésion 2022 : Téléchargez le bulletin d’adhésion et éventuellement le RIB du Snetaa-FO
Nous joindre : mail, tél. : 79.91.42, WhatsApp, ou Facebook.

Avant-gout des prochains éditos :
Résultat d’images pour Icone le doigt Mensuel du Snetaa-FO Novembre 2022
 Bulletin d’information : Spécial Elections

Retrouver nos précédents éditos :

Novembre 2022

Apprentissage : les dérives d’une « réforme open bar » Résultat d’images pour flash info
Grève Soenc-Fédé-Cogétra : Non-participation de 
Intersyndicale : « vendredi noir«  pour les PLP Résultat d’images pour flash info
De nombreux clichés entourent les lycéens pro  Résultat d’images pour emoticone de euréka
 La revue de presse du 16 au 23 novembre 2022
Les inégalités sociales se reproduisent à l’école Résultat d’images pour emoticone de euréka
Burn out – épuisement professionnel Résultat d’images pour flash info
 CCE : PAF 2023 et calendrier 2024 Afficher l’image source
CLR : risque de cessation de paiement ? Résultat d’images pour emoticone de euréka
Communiqué : la mobilisation ne faiblit pas
Infos pratiques : MAD-NC 2023 Afficher l’image source
Réforme : Protection Sociale Complémentaire Afficher l’image source
 Défense des LP : forte mobilisation  
La revue de presse du 8 au 16 novembre 2022
 Territoriaux : revalorisation du point d’indice Résultat d’images pour emoticone de euréka
AP600 : SPECIAL MUTATION Afficher l’image source
Mutation INTER 2023 : ouverture de SIAMAfficher l’image source
Enseignants  – crise de recrutement  Résultat d’images pour emoticone de euréka
Laïcité : la circulaire Ndiaye est-elle à la hauteur ? Résultat d’images pour flash info
Dystopie  : qu’est-ce que c’est ? Résultat d’images pour emoticone de euréka
Réforme du collège : ouvrir un débat de 50 ans Résultat d’images pour emoticone de euréka
 Accros aux news … Faites la diète ! Résultat d’images pour flash info
 Indemnité de résidence : affecté dans une COM ? Afficher l’image source
 La revue de presse du 26 octobre au 8 novembre 2022
USA : les républicains en croisade contre l’école Résultat d’images pour flash info
 Brown-out : la perte de sens au travail Résultat d’images pour emoticone de euréka
CNR Education : une légende élyséenne Résultat d’images pour emoticone de euréka
IFCR : vous changez de résidence ? Afficher l’image source
Examens session 2022 – calendrier général Résultat d’images pour flash info
Maîtres Auxiliaires : les concours de PLP Afficher l’image source
 Mouvement INTRA – rentrée de février 2023 Afficher l’image source
Force ouvrière défend vos droits et revendique

Octobre 2022

 Résultat d’images pour Icone le doigtMensuel du Snetaa-FO Octobre 2022
 Cartographies des instances de dialogue Afficher l’image source
M. Bloch : quelle réforme de la voie pro ? Résultat d’images pour flash info
 La revue de presse du 19 au 26 octobre 2022
Listes électorales : résultats du tirage au sort
L’empathie : une qualité innée mais sélective Résultat d’images pour emoticone de euréka
Maîtres auxiliaires : bilan des promotions Afficher l’image source
LP Attiti : bilan du COPIL du 24 octobre Résultat d’images pour flash info
Maîtres Auxiliaires : bilan des promotions Afficher l’image source
 Projet : récréations surveillées par les profs Résultat d’images pour emoticone de euréka
Grève générale dans l’éducation
Innover relève de la recherche Résultat d’images pour emoticone de euréka
Communiqué de l’intersyndicale voie pro Afficher l’image source
La revue de presse du 12 au 19 octobre 2022
Mutations : mouvement inter 2023 Afficher l’image source
Maitres Auxiliaires : promouvables 2021-22 Afficher l’image source
Mettons un terme au silence de P. Ndiaye Résultat d’images pour emoticone de euréka
Lettre ouverte du SNETAA aux PLP Résultat d’images pour flash info
Très forte mobilisation pour défendre les LP
AP n°599 : spécial grève
ORS : suivi des élèves en PFMP Résultat d’images pour emoticone de euréka
Ceux qui partent : « l’école est finie » Résultat d’images pour emoticone de euréka
Actes sexistes : la lutte est difficile Résultat d’images pour emoticone de euréka
 La revue de presse du 5 au 12 octobre 2022
Vie des idées : le devoir de vigilance Résultat d’images pour emoticone de euréka
Apprentissage ou voie pro ? Résultat d’images pour emoticone de euréka
Bruno Latour : penseur de la crise écologique Résultat d’images pour emoticone de euréka
France : le poids des diplômes Résultat d’images pour emoticone de euréka
 Libertés syndicales méprisées par le MEN Résultat d’images pour emoticone de euréka
Vos droits : ORS et journée de solidarité Afficher l’image source
 La revue de presse du 28 septembre au 5 octobre 2022
LP Pétro Attiti : côté pile/face  Résultat d’images pour flash info
OCDE : nos salaires toujours à la traîne Résultat d’images pour emoticone de euréka
LP Auguste Escoffier : côté pile/face Résultat d’images pour flash info
 SEP du LPO du Mt Dore : côté pile/face Résultat d’images pour flash info
Voie professionnelle : la force des atypiques Résultat d’images pour emoticone de euréka
Vos droits : la prime d’attractivité 2022 Afficher l’image source

Septembre 2022

Résultat d’images pour Icone le doigtMensuel du Snetaa-FO Septembre 2022

Aout 2022

Résultat d’images pour Icone le doigtMensuel du Snetaa-FO Aout 2022

Vous pouvez nous joindre par mail, téléphone, WhatsApp, Facebook.

Logo Snetaa Nouméa

 

snetaa.org

Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite pour la première fois dans l’opacité. Enfin, sur l’ensemble des opérations de mutation on constate une chute des candidatures. D’ailleurs, cela représente une centaine de demandes de moins que l’an dernier. Tout d’abord, le phénomène s’explique par la crise sanitaire. Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par ailleurs, les CAP sont dessaisies de toutes les opérations de carrière.

inégalités sociales

Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par ailleurs,  les CAP ne gèrent plus les opérations de carrière.

inégalités sociales

Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité.

inégalités sociales

Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité. Enfin, on peut consulter le compte-rendu.

inégalités sociales

Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité.

dérives d’une réforme open bar

Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité.

dérives d’une réforme open bar

Enfin, sur les opérations de mutation nous constatons une chute des candidatures. Par ailleurs,  les CAP ne gèrent plus les opérations de carrière. Enfin, on peut consulter le compte-rendu.

dérives d’une réforme open bar

Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité. Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité.

dérives d’une réforme open bar

Enfin, sur les opérations de mutation nous constatons une chute des candidatures. Par ailleurs,  les CAP ne gèrent plus les opérations de carrière. Enfin, on peut consulter le compte-rendu.

dérives d’une réforme open bar

Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité.

dérives d’une réforme open bar

Enfin, sur les opérations de mutation nous constatons une chute des candidatures.

dérives d’une réforme open bar

Par ailleurs,  les CAP ne gèrent plus les opérations de carrière. Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité.

dérives d’une réforme open bar

Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures se fait dans une complète opacité. Enfin, je consulte le compte-rendu. Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures se fait dans une complète opacité.

dérives d’une réforme open bar

Enfin, sur les opérations de mutation je constate une chute des candidatures. Par ailleurs, les CAP ne gèrent plus les opérations de carrière. Enfin, je consulte le compte-rendu. Enfin, sur les opérations de mutation je constate une chute des candidatures. Par ailleurs, la sélection des candidatures se fait dans l’opacité. Enfin, je consulte le compte-rendu.

dérives d’une réforme open bar

Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures se fait dans l’opacité. Enfin, sur les opérations de mutation je constate une chute des candidatures. Par ailleurs, la sélection des candidatures se fait dans l’opacité. Enfin, je consulte le compte-rendu.

dérives d’une réforme open bar

Enfin, sur les opérations de mutation je constate une chute des candidatures. Par ailleurs, la sélection des candidatures se fait dans l’opacité. Enfin, je consulte le compte-rendu.

dérives d’une réforme open bar

Par ailleurs,  les CAP ne gèrent plus les opérations de carrière. Enfin, on consulte le compte-rendu. Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures se fait dans une complète opacité.

dérives d’une réforme open bar

Tout d’abord, le premier droit des personnels est le respect par l’employeur de ses obligations réglementaires ! En effet, tout employeur doit assurer la sécurité et protéger la santé des personnels sous sa responsabilité

dérives d’une réforme open bar

Tout d’abord, le premier droit des personnels est le respect par l’employeur de ses obligations réglementaires ! En effet, tout employeur assure la sécurité et protéger la santé des personnels sous sa responsabilité

https://www.snetaa.org/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.