ÉCOLES NORMALES : VA-T-ON ASSISTER À LEUR RETOUR ?
ENJEUX D’UNE FORMATION RÉNOVÉE DES PROFS
Depuis plusieurs mois, l’idée d’un retour à une école normale pour former les enseignants et enseignantes est évoquée par les politiques. Une école normale du XXIe siècle axée sur les fondamentaux et les valeurs de la République a précisé Gabriel Attal. Une déclaration loin d’être anodine.
« REVENIR À UN SYSTÈME QUI FONCTIONNAIT »
... C’ÉTAIT MIEUX AVANT !
Le 1er septembre, le Chef de l’État a indiqué vouloir « revenir à un système qu’on connaissait dans le passé, qui fonctionnait, qui est un peu celui des Écoles normales ».
En réponse à une interrogation du sénateur Max Brisson qui l’interroge : «comment allez-vous faire en sorte que la demande de l’employeur soit première […] les écoles normales étaient à la main de l’Éducation nationale», le nouveau ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a répondu le 6 octobre : «notre ambition rejoint votre avis ; je veux créer une école normale du XXIème siècle». Et il en a dessiné les contours : un pré-recrutement au niveau du baccalauréat, une formation axée sur «les fondamentaux et les valeurs de la République» avec entrée progressive dans le métier.
Ce serait une réforme aux conséquences potentiellement majeures sur le plan pédagogique de la formation des enseignants concernés, mais aussi sur le plan de leur statut. Sans compte l’arrière-plan idéologique du rôle de l’École. Le rapprochement effectué par Gabriel Attal entre le choix de la dénomination du nouveau lieu de formation «les écoles normales» et l’un des objectifs majeurs mis en avant «l’enseignement des valeurs de la République» ne laisse guère place au doute lorsqu’on connaît bien ce qui était attendu avant tout des écoles normales par certains des fondateurs principaux de l’École de la troisième République , à savoir Jules Ferry lui-même et Paul Bert (auteur de la loi sur la généralisations des écoles primaires de filles du 9 août 1879).
« REPRISE EN MAIN » PAR LE POUVOIR CENTRAL
Pour bien comprendre ce qui se prépare il faut revenir plus d’un siècle en arrière, sous la IIIème république naissante. L’histoire a, comme souvent, beaucoup à nous apprendre.
Jules Ferry a expliqué très clairement les raisons fondamentalement politiques de l’institution des écoles normales, lorsqu’il a été question de généraliser les écoles normales de filles, face à des députés républicains qui n’en saisissaient pas bien l’enjeu. On peut le rappeler ici : « L’enseignement des filles, comme tout enseignement, c’est le bien de l’État, c’est le domaine de l’État. Mais il n’y aura d’action sérieuse, d’inspection effective que lorsque l’État aura constitué les écoles normales de filles. Les cours normaux forment d’honorables individualités enseignantes : les écoles normales peuvent seules former un corps enseignant. Et voilà la grande raison, et voilà le véritable mot de l’affaire que je vous supplie de garder dans vos esprits » (Jules Ferry, Débats au Sénat du 1er août 1879.)
Certes, lorsque Paul Bert légifère avec le soutien de Jules Ferry, en 1879, pour généraliser les écoles normales primaires de filles, les écoles normales primaires de garçons ont été généralisées plus tôt dans un cadre départemental en vertu de la loi Guizot de 1833 ; et elles existent déjà bel et bien, dans ce cadre « déconcentré », ainsi qu’une quinzaine d’écoles normales de filles. Mais, comme l’a montré depuis longtemps l’historien Gilles Laprévote, le dispositif législatif et réglementaire ferryste « marque la prise en main des écoles normales par le pouvoir central, leur réorganisation uniforme et, au sens propre, leur normalisation » (“Les écoles normales primaires en France ; 1879-1979”, Presses universitaires de Lyon, 1987, p.21).
ENJEU : FAIRE RESPECTER LA « NEUTRALITÉ SCOLAIRE »
Y COMPRIS PHILOSOPHIQUE, RELIGIEUSE ET POLITIQUE
On se trouve alors dans une période particulièrement ‘’chaude’’. Dès le début des années 1880 une « guerre des manuels » est engagée. La parution du livre « L’instruction civique à l’école » de Paul Bert – qui sera l’un des successeurs de Jules Ferry au ministère de l’Instruction publique – déchaîne les passions, d’autant qu’il avait annoncé très clairement la ligne qu’il comptait tenir. « Est-ce à dire que nous voulons faire pénétrer la politique dans l’école ? Oui et non. Non si l’on entend par politique que l’enfant doit savoir ce qui se passe jour par jour dans les Chambres […] Oui, si vous appelez politique l’enseignement de cette vérité que cet état social au milieu duquel il vit, et qu’il aura charge de conserver, date de la Révolution. L’introduction dans l’éducation populaire de l’amour des principes de 1789 est une loi de défense sociale ; car la France est divisée nettement en fils de la Révolution et en fauteurs de la Contre-Révolution. Eh bien, nous voulons faire en sorte que les principes de la Révolution triomphent de leurs adversaires. » (Discours du Havre du 21 mars 1880, in Paul Bert, « Leçons, discours et conférences », 1881, p. 411)
La diffusion de ce manuel dans les écoles sera-t-elle autorisée ? La « Congrégation de l’Index » publie le 8 janvier 1883 quatre condamnations contre des manuels scolaires, dont celui de Paul Bert. Mais Paul Bert et Jules Ferry tiennent bon ; et le manuel de Paul Bert se trouve en bonne place (avec les trois autres livres condamnés par la « Congrégation de l’Index ») dans la liste des manuels d’instruction morale et civique autorisés en classe pour 1883-1884, liste qui figure en annexe de la célèbre lettre-circulaire de Jules Ferry aux instituteurs. Cette lettre a été souvent interprétée plus tard comme demandant aux instituteurs de respecter une « neutralité scolaire » religieuse mais aussi politique ne pouvant choquer personne. Cette présentation est fausse (l’expression « neutralité scolaire » n’est d’ailleurs apparue que bien plus tard, durant le XX° siècle). Comme l’a dit encore Jules Ferry dans son discours au Sénat du 31 mai 1883 : « nous avons promis la neutralité religieuse ; nous n’avons pas promis la neutralité philosophique, pas plus que la neutralité politique.» Et Paul Bert se distingue tout particulièrement en l’occurrence, dans des formulations qui ne peuvent que nous paraître fort contestables : « il faut une pensée unique, une foi commune pour un peuple, sans quoi il ne serait qu’une agrégation d’hommes juxtaposés [… ] c’est ce que fera l’Instruction civique » (Paul Bert, « De l’éducation civique’’, BN, pièce 8 , 52467)
VISION NOSTALGIQUE DE L’cées :
– conséquences directes : tous les lycées sont daCOLE
Le chef de l’Etat, puis le ministre de l’Education, ont déclaré vouloir réformer en profondeur la formation des enseignants. Ils ont évoqué la possibilité qu’elle intervienne juste après le bac. La création de «nouvelles écoles normales» pourrait se faire en dehors de l’université. Un chantier explosif, à cheval entre l’enseignement scolaire et universitaire.
A la veille de la rentrée des classes et après l’interview au « Point » qui avait braqué les syndicats enseignants, Emmanuel Macron a mis un nouveau sujet éruptif sur la table, à l’occasion de son déplacement de pré-rentrée, vendredi, dans un lycée professionnel d’Orange (Vaucluse). Le président de la République a déroulé la réforme à venir : « On les accompagne, on leur apprend la pédagogie dès les premières années, on leur apprend les savoirs fondamentaux et on limite un phénomène qui crée de la frustration avec certains enseignants qui entrent [dans le métier de professeur] avec un cursus universitaire parfois disproportionné et qui ont fait trois, quatre ou cinq ans d’enseignement supérieur » avant de tenter les concours de l’enseignement. « Alors qu’on aurait pu, avec une formation postbac en quelques années, les recruter » et développer « en parallèle, des mécanismes de formation continue », a-t-il ajouté.
Lors d’une visioconférence avec des chefs d’établissement, il a dit avoir demandé au ministre de l’Education nationale de « travailler » à ce dispositif pour « qu’on puisse le monter au printemps et le déployer ». L’objectif est d’« avoir une formation intégrée, avoir le bon système de recrutement et pas simplement ouvrir des concours année après année ».
Dans un document paru à l’occasion de la rentrée, le ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, a précisé qu’il entendait «réfléchir à la création de nouvelles écoles normales». «Je n’aurai aucun tabou», écrivait-il. Le ministre veut un accompagnement, «plus tôt dans les études supérieures, vers le métier d’enseignant, pour ensuite avoir un vrai tutorat dès l’entrée dans la carrière, avec un suivi personnalisé tout au long de cette carrière».
Face à la pénurie de candidats aux concours de l’enseignement, Gabriel Attal souhaite ramener le concours de recrutement des professeurs des écoles à bac+3 en 2025. Bien évidemment, dans l’enseignement supérieur, les projets de l’exécutif inquiètent certains présidents d’université.
ÉCOLES NORMALES EN DEHORS DE L’UNIVERSITÉ
La création de futures écoles normales se ferait-elle en dehors des universités ? « Il y a une possibilité que ça se fasse de manière externalisée, bien sûr », confie un haut responsable, en laissant entendre que seul le premier degré serait concerné. Et qu’un travail va commencer entre les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. Si tel était le cas, les INSPE (instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation), rattachés aux universités, verraient leur activité réduite à la seule formation des professeurs du second degré. « Cela peut effectivement devenir un chantier très profond et très systémique », admet cette même source.
© Force Ouvrière — novembre 2023
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