Laïcité ou laïcisme ?

Loi sur les Principes de la République. 

Une parodie de promotion de la laïcité.

De la laïcité au laïcisme : Si vous demandez aux gens, dans la rue, c’est quoi la laïcité ? Je pense que quatre personnes sur cinq vont vous répondre : la religion doit être privée.

Or, le problème, c’est que la loi de 1905, qui est le cadre juridique de la laïcité française, ne dit pas du tout cela.

Tout d’abord, la loi de 1905 ne parle pas de laïcité, elle ne la définit pas. Elle ne définit pas la religion non plus. Elle parle des cultes. C’est la loi qui régule les cultes en France, et qui donne un statut des cultes.

Or, qu’est-ce que c’est que les cultes, c’est la pratique religieuse, par définition. La loi ne dit rien, évidemment, sur les croyances religieuses. Un l’État laïque n’a rien à dire sur les croyances religieuses. La loi ne dit rien sur la théologie. Elle ne dit rien sur l’Église non plus en tant que telle. Elle parle des cultes.

laïcisme

C’est la séparation de l’Église et de l’État, mais ce n’est pas l’expulsion de l’Église vers le privé. C’est la gestion des lieux de culte, qui par définition sont des lieux publics. La loi indique les règles pour gérer la pratique religieuse dans l’espace public. Par exemple, les sonneries de cloche, les processions, la loi ne dit pas que les cloches ou les processions doivent être interdites.

Elle dit à quelles conditions il peut y en avoir. Il faut un arrêté municipal, des autorisations. C’est très important. La loi ne chasse pas le signe religieux de l’espace public. Le consensus implicite sur la dimension publique de la religion existait.

Or, aujourd’hui on est dans l’expulsion de la sphère publique. La différence entre 1905 et de nos jours, c’est que la la sécularisation (processus d’élimination progressive de tout élément religieux) a considérablement avancé, encore récemment. Et pour certains la laïcité est parfois devenue phobique ou sectaire.


La laïcité est synonyme d’ouverture sur l’autre, dans la limite de l’ordre public.

Bien comprise et bien appliquée, la laïcité implique d’un côté une nette séparation entre les Églises et l’État et de l’autre la libre expression des citoyens dans la sphère publique quelle qu’en soit la sensibilité religieuse ou politique, dans les limites de l’ordre public et moyennant le devoir de réserve pour les fonctionnaires.

L’enjeu a toujours été de défendre la liberté pour chacun de faire état en public ses convictions quelles qu’elles soient. À cet égard, notre société reste un espace d’échanges et d’opinions, dans le respect de tous. On peut tout tolérer … sauf l’intolérance, qui doit être combattue, et par la force s’il le faut.

La laïcité est avant tout affaire d’équilibre entre plusieurs libertés : liberté de conscience des individus, liberté d’exercice des cultes et liberté de l’État vis-à-vis des religions.

La laïcité, socle – et principe d’équilibre – de notre société pour le bien vivre ensemble, ne saurait donc s’accommoder d’une réduction des libertés de conscience, d’opinion et d’expression.

Laïcisme


Éducation et atteintes à la laïcité à l’école.

Pour garantir le respect du principe de laïcité indispensable à la transmission du savoir et à la formation des jeunes citoyens, une équipe « valeurs de la République », dans chaque académie, intervient auprès des écoles et des établissements en cas d’atteinte au principe de laïcité.  (Cf. ÉDUSCOL)

Compte tenu du fait que, dans les écoles et les établissements, les élèves sont pour la plupart mineurs, la loi du 15 mars 2004 leur impose certaines règles. En « encadrant le port de signes ou de tenues manifestant un appartenance religieuse », la loi protège la liberté de conscience des élèves de toute forme de pression, d’emprise idéologique ou de prosélytisme.

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La loi du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance a renforcé la lutte contre le prosélytisme. Son article 10 énonce que « les comportements constitutifs de pressions sur les croyances des élèves ou de tentatives d’endoctrinement de ceux-ci sont interdits dans les écoles publiques et les établissements publics locaux d’enseignement, à leurs abords immédiats et pendant toute activité liée à l’enseignement. La méconnaissance de cette interdiction est punie de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe. »   La laïcité à l’école : outils et ressources

La laïcité concerne toute la communauté éducative : élève, parents d’élèves et personnel de l’éducation.


Quand elle est phobique ou sectaire la laïcité devient du laïcisme.

Or nous assistons actuellement dans notre société à un glissement progressif de la laïcité la plus ouverte au laïcisme le plus sectaire. Et, par laïcisme, on entend la volonté déclarée de restreindre au maximum les possibilités d’expression des religions dans la sphère publique. Cliquez ICI

Divers événements sont survenus ces dernières années qui montrent la volonté déclarée de la part de certaines autorités d’exclure le religieux des différentes sphères publiques et de le réduire à sa plus simple expression dans la sphère privée. L’événement le plus notable a été la non-reconduction par l’État de religieux dans leur fonction de membres du Conseil consultatif national d’Éthique (CCNE). Dorénavant, l’avis d’experts religieux ne sera plus requis au sein de cette instance sur les chapitres sensibles de la bioéthique, du PMA et de l’euthanasie.


Un exemple récent de l’expression du laïcisme en France.

La loi contre l’islamisme radical : une loi qui n’ose pas dire son nom.

Les sénateurs ont adopté, en séance publique en avril 2021, les premiers articles de la « loi confortant le respect des Principes de la République et de lutte contre le séparatisme. » Ils ont, entre autres, adopté des amendements interdisant le port du voile (et tout signe religieux ostensible) aux mères accompagnatrices et aux mineurs dans l’espace public, ainsi que le burkini à la piscine qualifié «d’étendard du séparatisme». D’autres amendements sont attendus notamment sur les listes communautaristes. Cliquez ICI

Ce texte est présenté comme visant la concorde civile en rejetant l’islamisme radical. Voulu comme un “marqueur” du quinquennat, il prévoit des mesures sur la neutralité et le caractère laïque du service public, le contrôle renforcé des associations, une meilleure transparence de l’ensemble des cultes et de leur financement, l’instruction à domicile ou encore la lutte contre les certificats de virginité ou la polygamie.

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Il s’agit, selon le ministre de l’Intérieur, de mettre « une forme de holà à ceux qui veulent utiliser la religion comme contrôle de leur diaspora, comme soft power sur le territoire national »… Il est « l’occasion de donner aux services de l’État des outils nécessaires pour lutter contre le séparatisme. »

Plus généralement, les représentants des cultes déplorent cette phobie du religieux en France. Le « consensus national » contre le séparatisme se fait sur un « fantasme ». Les attaques contre le voile concernent aussi les attaques contre les soutanes et les kipas, … on veut faire cacher les croix. Et cela pose un réel problème en matière de libre expression des citoyens, dans un pays qui prétend être la patrie des droits de l’Homme.


Une loi contre les séparatismes ou contre les communautarismes ?

Le champ lexical utilisé autour du projet de loi contre le séparatisme est souvent confus.

Nommer les choses n’est pas un acte neutre. Celui qui veut dissimuler tout comme celui qui souhaite pointer un phénomène est rarement exempt d’idéologie. Bien souvent, les acteurs politiques confondent moralité et légalité. Quand un ministre dit que « le voile n’est pas souhaitable en France », il mêle éthique personnelle et préservation de l’ordre public.

On met sur le même plan rigorisme religieux, islamisme et djihadisme alors que ces notions ne recouvrent pas les mêmes réalités. Cette pluralité des termes employés témoigne du malaise de la classe politique et de l’opinion face au fait religieux en général, face au fait musulman en particulier.

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Séparatisme : Le terme suppose une valorisation exacerbée de l’identité de son groupe, généralement en se coupant des autres. Mais cela ne se traduit pas forcément par une violation de la loi : il s’agit de faire tout ce qu’elle n’interdit pas. Le séparatisme existe mais reste un phénomène périphérique en France.

Communautarisme : Le terme désigne des groupes aspirant à faire valoir leurs lois sur celles de la République. Par exemple, promouvoir des espaces spécifiques, des horaires de piscine pour les femmes, etc.

Radicalisme : Recouvre l’envie de revenir aux origines supposées d’une religion, à ses fondamentaux.

Salafisme : Il prône une lecture littéraliste et manichéenne des prescriptions de la religion. Cela se traduit par exemple par le refus de toute interaction avec une femme, comme lui serrer la main.

Islamisme : C’est la politisation exacerbée de l’islam, l’idée selon laquelle la religion n’est pas qu’une affaire de rites cantonnés à la sphère intime, mais aussi d’engagement public, social, politique. Il peut être minimaliste (Association des Musulmans de France) ou maximaliste ((Al-Qaida, Daech, etc…)

Djihadisme : C’est la mobilisation de moyens extrêmes et violents en politique et en société afin d’établir un État, au nom de l’islam, conforme à des idéaux de pureté religieuse.


Les syndicats sont réservés sur cette loi, voire dubitatifs.

Les syndicats estiment que ce texte part d’un constat « juste » mais le jugent « déséquilibré« . C’est un texte fourre-tout qui ne correspond pas à son titre, ni aux intentions données dans les présentations médiatiques.

La CGT dénonce un texte « globalement punitif par son approche sécuritaire et idéologique« . La CFDT estime qu’il peut être porteur de réponses « incomplètes et problématiques« . FO a jugé  » indispensable » d’agir pour « protéger tout un chacun« , mais « le risque existe de renforcer un sentiment d’exclusion d’une partie de la population ». Pour la FSU « on risque fort de cibler une pratique religieuse, de la stigmatiser« . Enfin, l’UNSA fait état d' »interrogations » sur la nécessité même de légiférer.

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Le SNETAA-FO tient à rappeler le rôle de l’école en France et la place qu’elle occupe dans la République. La scolarisation à l’école, c’est le “choix” que fait une société de dire que l’essentiel de sa socialisation va passer par un dispositif spécialisé qui s’appelle l’école, avec des agents de socialisation formés, reconnus par l’État comme étant porteurs d’un certain nombre de savoirs et de valeurs. Éducation et socialisation doivent aller de pair. La tolérance et l’esprit critique sont les deux clés de voute de notre système éducatif. La principale mission de l’école de la République est de faire accepter à la fois nos biens communs et notre diversité.

En fait, c’est la notion d’identité nationale qui est au centre du débat. C’est le sentiment qu’éprouve une personne à faire partie d’une nation. Ce sentiment est propre à chaque personne. Cependant pour la sociologie, il est une intériorisation de repères identitaires, résultant de la visibilité permanente des « points communs » de la nation, qui peuvent prendre la forme de symboles. Mais ce terme, dont l’utilisation est devenue courante à partir des années 1980, a été tellement galvaudé par les politiques qui l’emploie qu’il a fini par perdre de sa précision.


Il faudrait avant tout comprendre et faire appliquer la loi de 1905.

Le véritable enjeu est d’empêcher les enrôlements sectaires, d’apporter une réponse tangible à un malaise social, à l’envie d’une partie de la population de ne pas voir de signes religieux ostentatoires dans la rue et également de se sentir soutenu face à l’islamisme maximaliste. Or, cette « matrice du ressentiment » est vecteur de divisions, d’exaspérations, de rejets, voire de violences. À cet égard, on a assisté ces derniers jours à une dérive totalement « décomplexée » de la chambre haute. En l’état actuel le projet de loi divise, fragilise et stigmatise à tel point qu’il sépare … Ce qui est contraire à l’objectif annoncé !

Sous couvert d’universalisme républicain, pour amender la loi, les parlementaires n’ont pas pris en compte la réalité des discriminations ethniques et religieuses. Or, comme l’écrit Le Monde « il n’y aura pas de mobilisation réelle contre les dérives sectaires sans une lutte contre toutes les exclusions»

On ne peut pas rétablir la concorde ou, plus modestement, la cohésion nationale en réduisant les libertés. Pour la rétablir, il faut arriver à recréer du lien social, notamment en protégeant les plus faibles et en faisant vivre la règle d’or du respect mutuel.

laïcisme

De fait, le laïcisme n’est pas la bonne solution pour lutter contre les mouvements sectaires. Il contrevient finalement à cette loi de 1905, si typiquement française, que nous pensons tous connaître. 

Fallait-il légiférer ? Est-ce ainsi qu’on pourra conforter le respect des Principes de la République ? Il est permis d’en douter. Si les enjeux d’une telle loi sont aisés à comprendre, il est permis de s’interroger sur les objectifs visés et sur les résultats qui sont réellement attendus par le Gouvernement et par le Parlement.

 

snetaa.org

Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite pour la première fois dans l’opacité. Enfin, sur l’ensemble des opérations de mutation on constate une chute des candidatures.

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D’ailleurs, cela représente une centaine de demandes de moins que l’an dernier. Tout d’abord, le phénomène s’explique par la crise sanitaire. Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par ailleurs, les CAP sont dessaisies de toutes les opérations de carrière.

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Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par ailleurs,  les CAP ne gèrent plus les opérations de carrière. Enfin, on peut consulter le compte-rendu. Par contre, le Vice-recteur ne déroge à la LTFP. Par ailleurs, la sélection des candidatures est faite dans une complète opacité.

Laïcisme

Enfin, sur les opérations de mutation nous constatons une chute des candidatures. Ce qui représente une centaine de demandes de m

Le premier droit des personnels est le respect par l’employeur de ses obligations réglementaires ! Tout employeur doit assurer la sécurité et protéger la santé des personnels qui sont sous sa responsabilité.

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